- Philippe Verdin, L’assassin de Tassin, Éditions du Rocher, 162 pages, 2006, 18€
De prime abord, il s’agit d’un petit polar, correctement ficelé, bien rythmé, qui se lit d’une traite. Marc, neveu du cardinal de la Treille, est embauché au sortir de ses études de lettres aux Éditions du Capricorne, maison d’édition catholique réputée pour ses succès de librairie et dirigée par le détestable Armand Tassin, personnage sans foi ni loi qui a l’art de faire bonne figure quand il faut et surtout de réussir dans les affaires. Les relations entre le jeune éditeur et son patron tournent vite au pire, jusqu’à ce qu’on retrouve ce dernier assassiné dans son bureau. Les premiers soupçons se portent sur Marc, qui décide de ne pas se laisser prendre à ce piège. Là commence l’enquête.
Au-delà de l’intrigue, assez bien menée pour qu’il faille attendre les dernières pages avant de découvrir qui est l’assassin de Tassin, l’intérêt de cette fiction est ailleurs. L’avertissement préliminaire le dit à sa manière : « Toute ressemblance ou similitude avec des personnages, des lieux ou des événements existants ou survenus serait purement fortuite et involontaire »…
Le portrait que le Père Verdin dresse de l’édition religieuse en France est hélas en partie juste. Ancien éditeur au Cerf, il connaît ses confrères. Le livre vise manifestement l’un d’entre eux, mais à ma connaissance il s’applique à plusieurs. Bien entendu, le trait est forcé, les vices sont accentués pour les besoins du récit, et les crimes sont tous fictifs ; en revanche, certaines des turpitudes suggérées dans la manière de pratiquer le métier d’éditeur sont bien réelles.
C’est sans doute la vertu de ce court roman, de rompre avec l’hypocrisie qui entoure cette profession. Le label catholique qu’arborent certains éditeurs est trop souvent bafoué avec un cynisme scandaleux. Il est temps que tout ceci cesse et que ceux qui prétendent contribuer à la diffusion de la foi se conforment à ses prescriptions, sinon à son esprit.
Guillaume de Lacoste Lareymondie
